Le datura (Datura stramonium) est une plante toxique, connue pour ses effets hallucinogènes. Originaire du Mexique il a été introduit en Europe après la conquête de l’Amérique. Ses nombreux noms vernaculaires (herbe aux fous, pomme-épineuse, herbe du diable ou trompette de la mort) évoquent la forme de sa fleur ou de son fruit mais aussi la toxicité de la plante.

Le genre Datura compte une dizaine d’espèces dont certaines à valeur horticole appartenant à la famille des Solanacées, dont font également partie les aubergines, les tomates et les pomme de terre.

Le datura est une plante annuelle de 30 cm à 2 m de haut, ses fleurs, solitaires sont en forme d’entonnoir et de couleur blanche ou jaunâtre. Ses fruits, de la taille d’une grosse noix sont  couverts d’épines.

Cette plante pousse dans les champs cultivés mais aussi dans les friches, bords de cours d’eau, où elle peut être localement assez envahissante. C’est une plante nitrophile, c’est-à-dire qu’elle apprécie les sols frais, limoneux et argilo-siliceux.

La plante contient des alcaloïdes puissants, comme l’atropine et la scopolamine, deux molécules sont agissant sur le système nerveux.

L’ingestion de datura stramoine se traduit par une soif intense, une vision floue et la phobie de la lumière. Puis elle peut causer des convulsions, troubles de la vue pouvant durer plusieurs semaines, attaques de panique, sensation d’étouffement, hallucinations et dans les cas les plus graves un coma ou un arrêt cardiaque. Une intoxication non fatale dure entre 12 et 48 h, provoquant une dilatation de la pupille qui peut se prolonger pendant deux semaines.a

Info en + :

En France, le datura a été surnommé « l’endormeuse ». Au 17ème siècle, à Paris, des « endormeurs » donnaient aux passants du tabac en poudre ou des boissons à base de datura. Quand leurs victimes étaient assoupies, ils en profitaient pour les détrousser.

Le datura et l’agriculture

Dans les champs, le développement végétatif luxuriant du datura le rend concurrentiel des cultures estivales, notamment des maïs, sojas, tournesols et productions maraîchères. Le datura a ainsi pu profiter de la monoculture de maïs et du déploiement des tournesols pour progresser depuis le Sud (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence) jusqu’en Poitou-Charentes, Centre et Val-de-Loire. Son aire de répartition s’étend maintenant sur la France entière jusqu’en Picardie et Nord Pas-de-Calais.

En mars 2019, la Direction générale de la Concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a publié un avis de rappel de haricots surgelés contaminés par le Datura stramonium. Aussi, en janvier de la même année, 25 personnes avaient été intoxiquées en Martinique après avoir consommé de la farine de sarrasin. Ce sont là deux exemples de contamination de la chaine alimentaire parmi d’autres évènements régulièrement constatés.

Fonctionnement des alcaloïdes :

Les alcaloïdes tropaniques principaux du datura sont l’hyoscyamine, l’atropine et la scopolamine. L’hyoscyamine a des effets parasympathicolytiques (c’est-à-dire qui s’opposent à l’action du système nerveux parasympathique) se traduisant par une tachycardie, une mydriase, une diminution des sécrétions (salive, sueur) et un ralentissement du transit intestinal.

La scopolamine est utilisée dans le traitement symptomatique de certaines douleurs digestives et gynécologiques, en soins palliatifs, ainsi que dans la prévention du mal des transports.

L’atropine est utilisée par voie intra-veineuse ou sous-cutanée, contre le malaise vagal mal toléré ou pour accélérer la fréquence cardiaque en cas de bradycardie transitoire et lors de certains troubles de la conduction cardiaque.

 

Sources :

REBOUD X. (2019) Pourquoi et comment le datura contamine-t-il les denrées alimentaires ? INRAE

FOUCAUD-SCHEUNEMANN C. (2020) Le datura, une plante à hauts risques, INRAE

Substance active atropine, VIDAL 2021

Substance active scopolamine, VIDAL 2013

Fiche Datura stramoine, plantes-risque .info

ASTAFIEFF K. (2021) Mauvaise graines

 

Rédaction : Alice SAMAMA, FREDON France

Relecture : Xavier Reboud, UMR AGROÉCOLOGIE (INRAE, UNIV. BOURGOGNE, AGROSUP DIJON, CNRS)