La tique Hyalomma (Hyalomma marginatum) est une espèce invasive originaire d’Asie et d’Afrique. Probablement introduite en Europe par les oiseaux migrateurs ou par l’importation de grands vertébrés (chevaux, bovins), elle est présente depuis plusieurs décennies en Corse. Depuis 2015, l’acarien est détecté sur le littoral méditerranéen. Sa prolifération représente un important enjeu sanitaire : cette tique est un vecteur potentiel de multiples agents pathogènes pour l’Homme et les animaux.

Risque sanitaire

Du point de vue de la santé humaine, la tique est capable de transmettre le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC). Neuf fois sur dix la maladie passe inaperçue, mais des formes très sévères sont possibles. Dans ce cas, dans un délai de 2 à 7 jours après la piqûre, la maladie débute brutalement : un état pseudo-grippal (fièvre, douleurs musculaires, maux de tête), parfois accompagnés de troubles digestifs ou ORL, ou d’une éruption. Les patients les plus gravement atteints peuvent développer un syndrome hémorragique avec une atteinte de tous les viscères. Le taux de létalité des formes hémorragiques peut atteindre 30%.

Biologie et répartition

La tique Hyalomma présente un cycle en trois stases qui concerne deux catégories d’hôtes. Aux stades immatures (larve et nymphe), elle infeste des petits vertébrés (lièvres, oiseaux souvent au sol, hérissons) ; une fois adulte, elle parasite les grands vertébrés (ruminants, chevaux, Homme).

Elles sont présentes au Maghreb, dans la péninsule ibérique, et sur les côtes méditerranéennes de l’Italie à la Turquie. On les trouve aussi autour de la Mer Noire : Sud de la Russie, région du Caucase. Enfin, elles ont été détectées ponctuellement (sans population établie) dans d’autres régions d’Europe (Angleterre, Europe centrale, pays nordiques, etc.).

L’Anses note par ailleurs que leur installation dans le reste de la France métropolitaine peut être favorisée par les changements globaux actuels (réchauffement climatique, urbanisation, déforestation, etc.).

Prévention du risque

Les mesures de prévention du risque sont similaires à celles appliquées pour les autres espèces de tiques. En déplacement dans la nature, il est recommandé de porter des chaussures fermées et des vêtements couvrants (de couleur claire pour faciliter leur détection), emprunter les sentiers balisés, éventuellement utiliser des répulsifs cutanés autorisés (AMM). Après une promenade, examiner minutieusement, et à plusieurs reprises, sa peau et son cuir chevelu, retirer les tiques attachées à l’aide d’un tire tique ou d’une pince fine, et désinfecter la plaie. Surveiller la zone de piqûre pendant plusieurs jours et consulter un médecin en cas de symptômes (rougeur, fièvre).

Il est important de surveiller également ses animaux de compagnie et d’ôter les tiques qu’ils peuvent porter.

Un grand merci à notre relecteur Bruno VION (DGS/Médecin inspecteur de santé publique, Bureau des risques infectieux émergents et des vigilances).

Rédaction : Tristan GRAUSI, FREDON France