Description et Biologie

Les réduves sont des hémiptères, autrement appelés punaises dans le langage courant. Les hémiptères se distinguent par leur rostre, pièce buccale utilisée pour se nourrir sur des végétaux, pour capturer d’autres insectes et liquéfier leur contenu avant de l’aspirer ou pour piquer des animaux et se nourrir de leur sang. Ce sont des insectes piqueur-suceurs. Les Reduviidae sont en grande majorité des prédateurs d’autres insectes et une sous-famille, les Triatominae est devenue hématophage.

 

Répartition et Habitat

En France métropolitaine, seules des espèces de réduves prédatrices sont présentes, notamment dans les régions méridionales et tempérées. Elles fréquentent divers habitats comme les jardins, les forêts et parfois les habitations humaines.

 

Risques Sanitaires

Les réduves présentes dans l’hexagone ne représentent pas un risque majeur pour la santé humaine : leurs morsures peuvent être douloureuses mais ne sont pas dangereuses.

Dans les Amériques, certaines espèces de réduves de la sous-famille des Triatominae sont vectrices d’un parasite, le Trypanosoma cruzi, responsable de la maladie de Chagas. Ce parasite, qu’on trouve principalement en Amérique latine, est transmis aux humains et autres animaux par contact avec les déjections de punaises. Généralement, ces punaises triatomes se cachent pendant la journée et sortent la nuit pour se nourrir de sang animal et humain. Elles piquent à travers la peau et défèquent à proximité de la lésion cutanée créée par la piqûre. Les Trypanosomes pénètrent alors dans l’organisme en passant par cette lésion (ou toute autre lésion cutanée) ou par contact avec les muqueuses (yeux, bouche). D’après les estimations de l’OMS, 6 à 7 millions de personnes dans le monde – la plupart en Amérique Latine – sont infectées par ce parasite responsable de la maladie de Chagas.

 

Signes et symptômes[1]

La maladie de Chagas comporte deux phases. La première dure environ deux mois à compter de l’infection et est asymptomatique dans la plupart des cas. Elle peut aussi présenter des symptômes bénins et non caractéristiques de la maladie (fièvre, céphalées, adénopathies, pâleur, myalgies, difficultés respiratoires, œdèmes et douleurs abdominales ou thoraciques). Dix à trente ans après l’infection, jusqu’à un tiers des patients présentent des troubles cardiaques et une personne sur dix souffre de troubles digestifs et/ou neurologiques. Enfin, l’infection peut provoquer chez ces patients la destruction du système nerveux et du myocarde, entraînant des arythmies importantes ou une insuffisance cardiaque progressive et la mort subite.

Zelus renardii - photo de Jean Michel Berenger

Quid du Réduve américain (Zelus renardii) observé à plusieurs reprises en métropole ?

Dans l’hexagone, le Réduve américain (Z. renardii) a été signalé pour la première fois en 2019 dans le Var[2]. Depuis, plusieurs observations ont été faites dans la plaine et le massif des Maures confirmant sa présence dans l’hexagone. Heureusement pour les humains, ce réduve est un prédateur, il n’est pas hématophage : il ne pique pas les animaux sauf pour se défendre bien qu’il ne soit pas agressif. Donc aucun risque de portage ou de transmission !

Toutefois, cet exemple montre que des Réduves d’Amérique du Nord peuvent arriver chez nous et s’implanter. De même, des espèces en provenance de Chine sont également arrivées chez nous. Or ces deux continents possèdent aussi des Triatomes. Aux USA, les plus courants sont Triatoma protracta et Triatoma sanguisuga ; en Chine, il s’agit de Triatoma rubrofasciata.

Or le risque existe bien puisqu’en 2023, un exemplaire de Triatoma rubrofascita mort a été découvert dans un port espagnol, dans un container en provenance de Chine…[3]

 

Conclusion

Les espèces de réduves présentes actuellement dans l’hexagone ne posent pas de risque sanitaire majeur. L’attention doit être portée sur les espèces invasives potentielles de la sous-famille des Triatominae.

Triatoma rubrofasciata - photo de Jean Michel Berenger

Merci à notre relecteur :  Jean-Michel BERENGER (entomologiste) Laboratoire Diagnostic Insecte

Rédaction : Marilou MOTTET, FREDON France

Sources

[1] Organisation mondiale de la santé : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/chagas-disease-(american-trypanosomiasis)

[2] Centre de ressources sur les espèces exotiques envahissantes :  https://especes-exotiques-envahissantes.fr/etablissement-du-reduve-americain-dans-le-var-risques-dexpansion-et-dimpacts/

[3] Collantes F. et al. 2023. Accidental importation of the vector of Chagas disease, Triatoma rubrofasciata (De Geer, 1773) (Hemiptera, Reduviidae, Triatominae), in Europe. Journal of Vector Ecology. Vol. 48, no.1