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Le terme « veuve noire » désigne plusieurs espèces venimeuses dont celle d’Amérique, qui est la plus dangereuse : c’est pourquoi il convient de bien savoir la distinguer. On la surnomme parfois « l’araignée-sablier », en référence à la marque rouge en forme de sablier que l’on retrouve sur l’abdomen de la femelle. Par ailleurs, d’autres l’appellent « l’araignée-bouton de chaussure », en raison de la forme bombée et noire de son corps. Zoom sur Latrodectus mactans, la veuve noire d’Amérique.

Origine et Répartition

Originaire d’Amérique du Nord, la Veuve noire d’Amérique (Latrodectus mactans), s’est aujourd’hui installée en Amérique du Sud, en Asie, et de façon ponctuelle à Saint-Barthélemy où elle a été aperçue à trois reprises. Sa population a fortement augmenté, passant d’environ 250 individus recensés en 2020 à près de 1 000 en 2024. Aux États-Unis, elle demeure l’espèce la plus fréquemment observée avec plus de 4 600 signalements, suivie du Mexique avec plus de 2 300 observations. Ainsi, entre 1905 et 2025, 5 843 observations ont été enregistrées comme le montre la carte de répartition de Latrodectus mactans ci-dessous :

Ces chiffres ne représentent que les signalements confirmés, la présence réelle de l’espèce est probablement sous-estimée en raison des spécimens non observés.

Reconnaître la veuve noire d’Amérique

Adaptée aux climats tempérés et subtropicaux, la veuve noire d’Amérique fait partie de la classe des arachnides. C’est une grande famille d’animaux, qui se distinguent par leur corps en deux parties avec huit pattes (contre six chez les insectes) et l’absence d’ailes ou d’antennes.

Petite araignée nocturne, sa taille est relative à celle d’un trombone, pouvant atteindre jusqu’à 6,5 centimètres de diamètre (femelle) et pesant un peu moins d’un gramme :

Pour la femelle, son corps est noir et brillant, arborant un sablier rouge (parfois teinté d’orange ou de jaune) situé sur la face de son abdomen rebondi et volumineux. On doit pouvoir observer un sablier complet, avec les deux tâches reliées, pour différencier cette espèce de ses cousines chez qui les tâches du sablier sont séparées.

Le mâle est deux fois plus petit et mesure entre 4 et 6 mm, avec une envergure totale de 12 à 18 mm. Il possède un abdomen allongé et des pattes proportionnellement plus grandes que celles de la femelle. De plus, il présente un segment brun-orange au milieu et noir aux extrémités. Quatre paires de rayures rouges et blanches ornent son abdomen, contrastant avec la coloration plus uniforme de la femelle.

Mode de vie et reproduction de la veuve noire d’Amérique

Les veuves noires d’Amérique tissent des toiles irrégulières au sein de leurs habitats (tas de bois, murs en pierres, etc.) se trouvant près du sol, leur permettant ainsi de se nourrir d’insectes (mouches, moustiques, etc.) attrapés dans leur toile. Lorsqu’une proie se prend dans la toile, l’araignée sort rapidement de sa cachette, la perce et l’empoisonne. Elle maintient fermement la proie pendant environ dix minutes, le temps que le venin agisse. Une fois la proie immobilisée, elle lui injecte des enzymes digestives. Enfin, grâce aux soies sur leurs pattes arrières, appelées « pattes peignes », elle recouvrent leurs proies de soie une fois capturées. Finalement, elle ramène sa proie dans le refuge pour la consommer.

En outre, la période d’activité des mâles s’étend de mars à septembre, avec une reprise en novembre, tandis que les femelles sont actives de février à décembre. La période la plus propice pour observer cette araignée se situe entre juillet et octobre.

Comportement et accouplement

Surnommée « veuve noire » en raison d’un comportement fréquent observé après l’accouplement au printemps, cette araignée, solitaire une majeure partie de l’année, peut parfois dévorer le mâle, plus petit, si elle est affamée et qu’il reste trop près de la toile. De plus, notons que la femelle peut stocker le sperme à vie, ce qui lui permet de fertiliser tous ses œufs sans nouvel accouplement.

La femelle pond plusieurs centaines d’œufs répartis en sacs protégés jusqu’à leur éclosion. Chaque été, une femelle peut produire jusqu’à neuf sacs, contenant chacun environ 400 œufs. L’incubation dure entre 20 à 30 jours avant éclosion. Cependant le cannibalisme entre les jeunes araignées limite souvent la survie à une douzaine d’individus.

Leur espérance de vie varie généralement entre 1 et 3 ans. Les jeunes araignées, initialement blanches ou jaunâtres, acquièrent progressivement la coloration adulte au fil des mues. La maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 4 mois selon la disponibilité alimentaire. Après maturation, la femelle vit environ 180 jours, tandis que le mâle vit généralement moins longtemps, autour de 90 jours.

Risques pour l’Homme

La veuve noire d’Amérique est considérée comme l’une des araignées les plus venimeuses. En effet, Elle injecte un venin, neurotoxique, 15 fois plus puissant que celui d’un serpent à sonnette mais la quantité injectée est plus faible. La morsure passe souvent inaperçue, semblable à celle d’une piqûre d’épingle. Cependant, contrairement aux croyances, une morsure de veuve noire d’Amérique n’est mortelle que dans de rares cas, le dernier en date est enregistré aux États-Unis en 1983. Ces araignées sont peu agressives et ne mordent que lorsqu’elles se sentent attaquées.

En effet, bien que spectaculaire, cette araignée reste peu agressive. Les morsures surviennent principalement lorsque l’araignée est accidentellement pressée contre la peau nue, par exemple en manipulant du bois ou des objets où elle se cache. La femelle est la seule véritablement dangereuse : elle peut injecter une dose de venin suffisante pour provoquer des symptômes notables, voire le décès. Etant donné que les mâles, sont beaucoup plus petits, ainsi que les juvéniles, ils représentent un risque négligeable. Effectivement, l’appareil buccal de la veuve noire d’Amérique est souvent trop petit pour percer la peau humaine, et leur venin est injecté en quantité minime.

Symptômes

Par ailleurs, un léger gonflement et une plaie en forme de cible peuvent apparaître, entraînant dans l’heure qui suit la morsure, une douleur musculaire se propageant dans le corps (plutôt dans la poitrine si cette morsure intervient dans la partie haute du corps, et dans l’abdomen si elle se situe en bas). Chez l’Homme, la morsure peut provoquer une paralysie du diaphragme pouvant rendre la respiration difficile voire le décès, si la morsure n’est pas traitée à temps. Les symptômes graves s’améliorent habituellement en 2 à 3 jours.

En cas de morsure, il est recommandé de contacter immédiatement un médecin, un centre antipoison ou les urgences.

Pour limiter les risques, il faut porter des gants et faire preuve de vigilance dans les zones à risque (bois empilé, débarras, abris extérieurs, etc.).

Gestion et moyens de contrôle de Latrodectus mactans aux Etats-Unis

Aux États-Unis, il n’existe pas de réglementation fédérale spécifique concernant Latrodectus mactans. En effet, la gestion est locale et ciblée, elle inclue l’inspection régulière des zones sombres (greniers, caves, tas de bois) pour détecter et éliminer les nids, ainsi que l’utilisation d’insecticides. Quant à elle, la prévention se fait par réduction des points d’entrée dans les bâtiments via la réparation des fissures.

Rédaction : Marine AUDONNET, FREDON France