©FDGDON 44

Originaire d’Amérique du Sud, le ragondin (Myocastor coypus) a été introduit en France, au début du XXe siècle pour sa fourrure. L’absence de prédateur ainsi ses grandes capacités d’adaptation à de nombreux milieux ont permis à ce rongeur d’étendre rapidement son aire de répartition. Aujourd’hui, le ragondin est présent sur l’ensemble du territoire métropolitain.

Le ragondin est une espèce exotique envahissante ayant des effets négatifs sur la santé humaine, mais aussi sur celles de l’environnement et l’agriculture.

Biologie et répartition

Le Ragondin est un rongeur brun roux, au poil soyeux, pouvant faire de 40 à 60 cm et de 5 à 10 kg. Il possède de grandes moustaches et des incisives oranges très visibles. Ses pattes postérieures sont palmées et sa queue est de section ronde. Un couple peut engendrer, dans les conditions optimales, environ 90 descendants en 2 ans.

Il préfère vivre dans les milieux aquatiques d’eau douce, parfois saumâtre et creuse un terrier de 6 à 7 m le long des berges. Il est présent sur la quasi-totalité du territoire français.

Risque sanitaire

Le ragondin peut être porteur de nombreuses maladies pouvant toucher l’Homme, ainsi que les animaux d’élevage :

  • Leptospirose, Toxoplasmose, Echinococcose alvéolaire, pour les zoonoses transmissibles à l’homme,
  • Leptospirose, Grande Douve du foie et salmonelloses pour les maladies transmissibles aux animaux d’élevage.

La leptospirose

La leptospirose est une maladie infectieuse provoquée par une bactérie spiralée et mobile : le leptospire. En France métropolitaine, 700 cas ont été recensés en France métropolitaine en 2021.

Les rongeurs aquatiques sont des réservoirs pour cette maladie, c’est-à-dire qu’ils sont réceptifs mais pas sensibles. Ils hébergent les leptospires dans leurs tubules rénaux et les éliminent pendant toute leur vie dans leurs urines, contaminant l’eau et le sol.

Elle peut donc être contractée soit par contact direct avec un animal infecté, soit par contact indirect, le plus souvent lors d’une activité en relation avec un environnement souillé par l’urine d’animaux contaminés, notamment l’eau douce et/ou ses abords.

Schéma des voies possibles de transmissions de la leptospirose.

La bactérie pénètre dans l’organisme, soit par les muqueuses (œil, bouche, nez…), soit par la peau lorsqu’elle est macérée ou à la faveur de lésions. Dans les pays industrialisés des zones tempérées, elle touche préférentiellement certaines catégories professionnelles exposées (égoutiers, éboueurs, agriculteurs, éleveurs, pisciculteurs, vétérinaires…) et les adeptes de loisirs en plein air (canoë-kayak, canyoning, pêche, chasse…)

Les symptômes de cette maladie (pour la souche icterohaemorrhagiae) sont syndrome grippal (fièvre, douleurs musculaires ou articulaires, maux de tête) et ce, une à deux semaines après la contamination. La maladie peut s’aggraver 4 à 5 jours après les premiers signes et évoluer vers une atteinte rénale, hépatique, méningée ou pulmonaire. Dans 20 % des cas, elle se complique d’un syndrome hémorragique. Des complications oculaires (uvéite, kératite) tardives peuvent également survenir.

L’incidence de la leptospirose est en augmentation depuis 2014 sur l’ensemble du territoire. L’influence du changement climatique et de l’évolution des pratiques (augmentation des activités à risque) font partis des hypothèses évoquées.

Hormis la leptospirose, les rongeurs aquatiques peuvent également être porteurs d’autres germes pathogènes responsables de pathologies humaines, notamment l’échinococcose alvéolaire et la toxoplasmose. Ils ne sont pas excréteurs des germes liés à ces maladies et ne sont donc pas responsables de la transmission directe de ces pathologies à l’Homme, sauf en cas de consommation de viande de ragondin crue ou mal cuite.

Prévention du risque

Pour éviter de contracter cette maladie, il convient de prendre un certain nombre de précautions :

  • En cas d’activité au contact d’animaux ou d’eaux souillées par les urines de rongeurs, utiliser des équipements de protection individuelle (gants, bottes, cuissardes, combinaisons ou vêtements de protection, et le cas échéant, des lunettes anti-projections),
  • Si vous manipulez des rongeurs et des cages qui leur sont destinées, utiliser des gants étanches et résistants. Désinfectez immédiatement vos gants et vos mains à l’aide de gel hydroalcoolique,
  • Si vous avez une plaie cutanée, éviter les activités au contact avec les milieux aquatiques.
  • En cas d’exposition accidentelle :
    • Laver abondamment à l’eau potable et au savon (l’utilisation d’eau non potable, même limpide, est à proscrire)
    • désinfecter avec une solution antiseptique,
    • protéger la plaie par un pansement imperméable.

En cas d’apparition de symptômes après une activité à risque, consultez rapidement un médecin en lui signalant l’activité pratiquée : un traitement antibiotique existe, d’autant plus efficace qu’il est donné tôt.

La vaccination n’est efficace que contre une seule variété de leptospires. Son indication doit être posée par un médecin au cas par cas après évaluation individuelle du risque. Elle ne dispense en aucun cas de la mise en œuvre des consignes de prévention.

Risque environnemental

Les ragondins causent plusieurs effets néfastes sur les écosystèmes. Ils entrent en compétition avec des espèces de vertébrés natifs (Loutre, Castor, Campagnol amphibie…). En consommant les végétaux aquatiques, ils détruisent des frayères (lieu de reproduction des poissons et amphibiens) et des lieux de nidification de certains oiseaux d’eau nicheurs.

Photos de berges creusées par des ragondins et effondrés. ©FREDON Poitou-Charentes.


Photos de de dégâts dans un champ de maïs causés par des ragondins. ©FDGDON 44.

Ils occasionnent également d’importants dégâts aux berges, aux ouvrages d’art et aux routes et participent à l’envasement du lit des canaux et rivières.

Leur impact est aussi agricole, par leur consommation des végétaux (environ 2 kg de végétaux/jour pour un ragondin adulte) mais aussi par l’effondrement des berges qui provoque une perte de surface agricole.

 

Réglementation

La lutte contre le ragondin et le rat musqué est encadrée par plusieurs textes réglementaires, du niveau européen jusqu’au niveau départemental.

Au niveau européen :

  • Règlement (UE) n° 1143/2014 du Parlement européen et du conseil du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et à la propagation des espèces exotiques envahissantes.
  • Règlement d’exécution (UE) 2016/1141 de la commission du 13 juillet 2016 adoptant une liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union conformément au règlement (UE) n° 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil, sur laquelle figure le ragondin.
  • Règlement d’exécution (UE) 2017/1263 de la commission du 12 juillet 2017 portant mise à jour de la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union établie par le règlement d’exécution (UE) 2016/1141 conformément au règlement (UE) no 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil, sur laquelle figure le rat musqué.

Au niveau national :

 

 

Pour aller plus loin :