Description et Biologie

Les Siganus (famille des Siganidae), connus sous le nom de « poissons-lapins », sont des espèces marines tropicales qui ont la particularité d’être herbivores. Deux espèces sont considérées comme espèces exotiques invasives en Méditerranée et préoccupantes : le Poisson-lapin à queue tronquée (Siganus luridus) et le Poisson-lapin à ventre strié (Siganus rivulatus).

Leur corps allongé, allant du gris-olive au brun, peut mesurer de 20 à 30 cm de long. S. rivulatus se différencie de S. luridus par la présence de rayures jaunâtres sur son ventre et d’une queue fourchue. Le bord de leurs nageoires est orné d’épines reliées à des glandes à venin, ce qui leur permet de se défendre contre leurs prédateurs.

Fiche-poissons-lapin par l’Association Monégasque pour la Protection de la Nature

Fiche-poissons-lapin par l’Association Monégasque pour la Protection de la Nature

Répartition et Habitat

Originaires de l’océan Indien et de la mer Rouge, les Poissons-lapins ont probablement migré vers la Méditerranée via le canal de Suez (espèces dites lessepsiennes). Ce type de phénomène est également observé chez le Poisson-lion).

Les Poissons-lapins nagent près du fond dans les zones riches en herbiers et en algues. Dans leur habitat d’origine, ils sont souvent observés dans des eaux peu profondes, généralement entre 10 et 20 mètres de profondeur. Ils ont toutefois été retrouvés en Méditerranée à des profondeurs allant jusqu’à 40 mètres (voire 60 mètres pour S. rivulatus).

Présence en Méditerranée

En 1927, le Poisson-lapin à ventre strié (S. rivulatus) arrive en Méditerranée. En 2000, il est aperçu en mer Adriatique mais n’a pas encore été observé sur les côtes françaises. Le Poisson-lapin à queue tronquée (S. luridus) est arrivé à partir de 1956 sur les côtes méditerranéennes d’Israël et a été pêché pour la première fois dans le Parc Marin de la Côte Bleue, près de Marseille, en 2008.

Ces quelques individus pêchés près sur nos côtes sont des signalements très isolés. Deux hypothèses ont été retenues par les scientifiques pour leur arrivée dans ce secteur géographique : un transport par les eaux de ballast d’un bateau (Marseille étant un port important) ou un transport grâce aux courants marins à partir d’une population proche connue (Sicile, Tunisie…)..

Risques Sanitaires

Les poissons-lapins, étant herbivores, peuvent consommer des caulerpes (Caulerpa taxifolia, C. racemosa espèces exotiques et C. prolifera espèce indigène), algues qui contiennent des alcaloïdes toxiques comme la caulerpine et la caulerpényne. Ces toxines s’accumulent dans leurs tissus, ce qui peut devenir dangereux pour les consommateurs. Elle déclenche des intoxications alimentaires dites « ivresse hallucinogène de poisson » (ichthyoallyeinotoxisme).

De plus, leurs épines sont venimeuses. Bien que les piqûres ne soient généralement pas mortelles pour les humains, elles peuvent causer une douleur intense, un gonflement et une inflammation.

Conclusion

Lorsque les populations de poissons-lapins augmentent fortement dans un secteur (comme en Méditerranée orientale), on parle d’invasion biologique. Les bancs denses de poissons-lapins causent alors des impacts négatifs sur la biodiversité marine. Ils supplantent le seul poisson herbivore indigène de Méditerranée (la Saupe Sarpa sala) et leur broutage intense, en l’absence de prédateurs, crée des déserts sous-marins, affectant les communautés algales littorales et, par conséquent, les peuplements de poissons côtiers. Ils représentent également un risque pour la santé humaine, tant par la consommation de leur chair potentiellement toxique que par les piqûres venimeuses de leurs épines.

Le réchauffement progressif de la Méditerranée et l’accroissement du nombre d’espèces provenant de l’Indopacifique constituent une menace certaine pour les écosystèmes méditerranéens. Ces espèces constituent donc un sujet d’intérêt tant pour les biologistes marins que pour les gestionnaires des écosystèmes côtiers.

Merci à notre relectrice : Coraline JABOUIN, Chargée de mission espèces exotiques envahissantes, Office français de la biodiversité.

Rédaction : Alice SAMAMA, FREDON France.