Reprise du communiqué de presse du 16 septembre de l’INRAE, en collaboration avec l’université Claude Bernard Lyon, l’EPHE-PSL et le réseau MASCARA [1]. Voir le communiqué de presse
Le virus responsable de la dengue appartient au genre des Orthoflavivirus comme le virus zika ou le virus West-Nile. Alors que des infections humaines par le virus de la dengue sont détectées en France hexagonale depuis 2010, les données permettant d’identifier les espèces de moustiques impliquées et de tracer le virus font défaut. Soutenus par le réseau local MASCARA regroupant notamment des agences de santé publique et des laboratoires de recherche, les chercheurs INRAE et leurs collègues ont analysé, à la fin de l’été 2023, des moustiques provenant de pièges privés au sein d’un quartier urbain français touché par un foyer de dengue.
Le foyer, dans la Drôme, comprenait 3 cas, dont 2 autochtones confirmés (par sérologie ou détection du virus), c’est-à-dire que les malades n’avaient pas voyagé dans une zone où la maladie est présente au cours des 15 derniers jours et avaient donc été contaminés sur le territoire français. Un 3e cas, identifié à proximité des deux premiers suite à l’enquête épidémiologique, a été classé comme importé. L’individu était revenu d’un récent séjour dans les îles françaises des Caraïbes avec des symptômes compatibles avec la dengue, mais celle-ci n’avait pas été diagnostiquée.
Des moustiques Aedes albopictus (Moustique tigre) piégés à moins de 100 m de la zone de résidence des personnes infectées contenaient le virus. Les données génétiques du virus provenant des moustiques collectés ont permis de relier cette souche virale aux souches responsables de l’épidémie de dengue de 2023-2024 ayant sévi dans les îles françaises des Caraïbes. Ceci suggère que les moustiques auraient transmis le virus à partir du cas importé vers les cas autochtones, provoquant le foyer d’infection.
Cette étude indique que le virus circule en France métropolitaine via les populations locales de Moustique tigre. Elle montre l’importance de mettre en place des plans de lutte individuelle et collective vis-à-vis de cette espèce, mais aussi de sensibiliser les professionnels de la santé aux maladies transmises par les moustiques. Enfin, elle souligne l’intérêt de la surveillance entomo-virologique, en particulier à travers l’utilisation des pièges à moustiques privés.
[1] Le réseau MASCARA (Moustiques et arbovirus : surveillance et action collective en Auvergne-Rhône-Alpes) est constitué de Santé Publique France, l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes, l’Entente interdépartementale Rhône-Alpes pour la démoustication, l’ANSES et le Centre national de référence des arbovirus.