Le virus responsable de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) a été détecté pour la première fois en France, en octobre 2023. Une bonne occasion pour rappeler les bons gestes pour prévenir les risques liés aux tiques.

Le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) a découvert la présence du virus de la Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) chez des tiques de l’espèce Hyalomma marginatum, trouvées sur des bovins dans les Pyrénées-Orientales. Le CNR (Centre national de référence) pour les Fièvres Hémorragiques Virales de l’Institut Pasteur a confirmé ces informations. Ils s’agit ainsi du premier signalement de ce virus en France.

La tique Hyalomma : quelques rappels

S’il n’y a ce jour pas encore eu de détection du virus FHCC chez l’Homme en France, la tique du genre Hyalomma est bien présente.

Reconnaître Hyalomma marginatum 

La tique Hyalomma marginatum est une tique dure de grande taille (deux fois plus grande que la tique courante). On la reconnait par son rostre allongé et ses pattes bicolores présentant des anneaux blanchâtres aux articulations.

Hyalomma marginatum photographie HD insecte vecteur de maladies
La tique Hyalomma, vectrice de multiples agents pathogènes

Où se trouve la tique en France ?

La tique Hyalomma est une espèce invasive originaire d’Asie et d’Afrique.

On trouve ces tiques au Maghreb, dans la péninsule ibérique, ainsi que le long des côtes méditerranéennes de l’Italie à la Turquie. On les repère également autour de la Mer Noire, englobant le sud de la Russie et la région du Caucase. Enfin, on constate leur présence de manière sporadique (sans population établie) dans d’autres régions d’Europe telles que l’Angleterre, l’Europe centrale et les pays nordiques.

Présente depuis plusieurs décennies en Corse, on la détecte sur le littoral méditerranéen depuis 2015. Il y a quelques mois, le CIRAD a validé l’identification de la tique dans le sud de la région Rhône-Alpes, suite à des prélèvements effectués par FREDON AuRA.

Une tique vectrice d’agents pathogènes

Selon les informations de l’Anses, les larves des tiques infestent divers petits vertébrés tels que les lièvres, les lapins et les hérissons, ainsi que des oiseaux fréquemment présents au sol comme les merles, les rouges-gorges ou les grives.

En contraste, les tiques adultes manifestent une nette préférence pour les grands vertébrés tels que les chevaux, les bovins, les ovins et les caprins, ainsi que les sangliers ou les chevreuils. On observe couramment une proportion plus élevée de mâles que de femelles sur les hôtes infestés.

En soi, la piqûre de cette tique n’est pas directement dangereuse. Elle peut provoquer une irritation qui persiste pendant quelques jours, à condition que l’on retire la tique rapidement. Néanmoins, une tique peut héberger des agents infectieux susceptibles d’être transmis par la piqûre. Il est crucial de souligner que toutes les tiques ne portent pas ces agents infectieux, et toutes les piqûres ne présentent pas de risque d’infection.

La fièvre Crimée-Congo (FHCC)

La Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) est une maladie provoquée par un virus de la famille des Nairovirus, principalement transmis par les tiques du genre Hyalomma. Chez l’humain, elle se manifeste généralement sous la forme d’un syndrome grippal accompagné de troubles digestifs. Toutefois, dans certaines situations, elle peut évoluer vers un syndrome hémorragique, caractérisé par des saignements potentiellement sévères, présentant un risque de décès pouvant atteindre 30 % dans certains pays. Le traitement de la FHCC repose principalement sur le traitement des symptômes, nécessitant une prise en charge en milieu hospitalier.

Symptômes de la maladie

Les symptômes se manifestent brusquement et se caractérisent principalement par de la fièvre, des douleurs musculaires (myalgies), des troubles digestifs, des vertiges, une raideur et des douleurs au niveau de la nuque, des douleurs dorsales, des maux de tête, une sensibilité accrue des yeux et une photophobie (gêne provoquée par la lumière). Dans les cas graves, ces symptômes peuvent être suivis par des épisodes hémorragiques, un choc et une défaillance multiviscérale.

Tique Hyalomma : comment s’en protéger ?

Les précautions visant à prévenir le risque de piqûre de tiques sont semblables à celles recommandées pour d’autres espèces. Lors des déplacements en pleine nature, il est conseillé de porter des chaussures fermées ainsi que des vêtements couvrants (de préférence de couleur claire pour en faciliter la détection), de suivre les sentiers balisés, et éventuellement d’utiliser des répulsifs cutanés autorisés (ayant une Autorisation de Mise sur le Marché, AMM). Après une sortie, il est primordial d’inspecter méticuleusement et à plusieurs reprises sa peau et son cuir chevelu, de retirer les tiques attachées à l’aide d’un tire-tique ou d’une pince fine, puis de désinfecter la plaie. Santé Publique France recommande aussi de surveiller la zone de piqûre pendant plusieurs jours et de consulter un médecin en cas de symptômes tels que rougeur ou fièvre.

La vigilance s’étend également aux animaux de compagnie : il est crucial d’éliminer les tiques qu’ils pourraient porter.

Bibliographie

Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo : première détection du virus sur des tiques collectées dans des élevages bovins dans le sud de la France, Santé Publique France, 2023.

« Avis de l’Anses relatif à l’analyse des risques pour la santé humaine et animale liés aux tiques du genre Hyalomma en France », Saisine n°« 2020-SA-0039 », Mai 2023.

Photographie de couverture : © Martin Galli CC-BY-NC