Depuis décembre, de nombreuses personnes nous font remonter des observations de processions de chenilles de Processionnaires du Pin. Est-ce normal d’en observer si tôt dans l’année ? Sont-elles particulièrement précoces ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord prendre un peu de recul géographiquement et se pencher sur les différents climats de notre territoire. En effet, le climat impacte le cycle de vie des processionnaires. Ainsi, les processions n’ont pas lieu toutes en même temps en France : il est devient de plus en plus habituel de constater des processions, qu’on appelle « processions précoces » dès le mois d’octobre dans certains départements ! Vous pouvez retrouver le détail de ces particularités géographiques dans un précédent article : Processionnaires du Pin : quand peut-on les voir ?
Pourtant, dans certaines localités, des processions sont effectivement observées plus tôt qu’habituellement. Cela peut s’expliquer par les températures relativement douces de l’automne et du début de l’hiver. Selon Météo-France, l’automne 2023 se classe au 1er rang des automnes les plus chauds depuis 1900 devant les automnes 2006 et 2022 (+2.1 °C) [1].
En effet, les chenilles de Processionnaires du pin ont besoin de conditions thermiques précises pour se nourrir : elles ne peuvent manger que s’il fait plus de 9 °C dans leurs nids le jour et plus de 0 °C dans l’air la nuit [2]. Par ailleurs, leur vitesse de développement dépend de la température [3]. Cette année, les conditions rencontrées dans certaines zones ont donc sans doute permis aux chenilles de se développer suffisamment pour qu’elles atteignent dès la fin de l’automne le stade larvaire leur permettant de démarrer leur procession pour s’enfouir dans le sol.
Du fait du changement climatique, ces observations de processions précoces seront de plus en plus habituelles. En effet, toujours selon Météo-France, l’évolution du climat entraîne en France des hivers de plus en plus doux. Ces 15 dernières années, on a mesuré 4 des 5 hivers les plus chauds de l’histoire, en 2007, 2014, 2016 et 2020 [4].
Sources :
[1] Météo-France : https://meteofrance.fr/sites/meteofrance.fr/files/files/editorial/Bilan_definitif_automne_2023.pdf
[2] Battisti et al., 2005 : Expansion of geographic range in the pine processionary moth caused by increased winter temperatures Ecol. Appl., 15 (2005), pp. 2084-2096, https://doi.org/10.1890/04-1903
[3] Poitou et al., 2021 : Modeling the relationship between temperature and development of the pine processionary moth to predict its phenology https://hal.inrae.fr/hal-03643553
[4] Météo-France : https://meteofrance.com/le-changement-climatique/observer-le-changement-climatique/ou-sont-passes-nos-hivers
Pour aller plus loin
Reconnaître les chenilles de processionnaires n’est pas toujours une mince affaire… N’hésitez pas à visiter cet article pour devenir incollables !
Les chenilles de processionnaires représentent un enjeu de santé pour les humains mais aussi pour les animaux domestiques (chiens, chats, etc). Pour en savoir plus, visitez cette page.
Vous avez observé des chenilles de processionnaires et souhaitez vous informer sur les méthodes de gestion appropriées ? Cette page est faite pour vous !
L’équipe de l’Observatoire a par ailleurs travaillé sur un podcast synthétisant l’ensemble de ces informations (et plus encore !). Cliquez ici pour l’écouter !