Un article publié en février 20241 dresse l’inventaire des chenilles et des papillons de Lépidoptères dotés de mécanismes de défense provoquant des réactions indésirables chez les humains et les animaux. Si certaines de ces espèces ont été étudiées au regard de leur impact sanitaire, la littérature scientifique n’a que peu travaillé sur leurs dimensions biologiques et écologiques.

Ces espèces sont dotées de poils urticants (épines ou soies) pouvant induire des sensations ou des réactions chez d’autres animaux, en raison de la libération de toxines chimiques ou de substances allergènes.
Les chercheurs ont recensé 11 types de poils défensifs allant de minuscules structures facilement détachables à des épines creuses contenant du venin liquide. La présence de ces structures semble indépendante de la position dans l’arbre phylogénétique (leurs «familles» génétique) et des régions géographiques de ces lépidoptères. Les chercheurs estiment ainsi qu’il s’agit probablement d’un cas de convergence évolutive : ce trait à évolué à plusieurs reprises de façon indépendante, probablement dans des conditions de sélection naturelle similaires.

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On constate la présence de poils urticants chez de nombreuses espèces de lépidoptères, indépendamment de leur zone géographique ou de leur groupes génétiques.

Lépidoptères venimeux : une convergence évolutive ?

Ces espèces de lépidoptères venimeux, parfois génétiquement très éloignées, présentent des caractéristiques et habitudes de vie très diverses. Solitaires ou grégaires (qui vivent en groupe), adaptées à des végétations arboricoles ou herbacées, etc.

Les chercheurs mettent tout de même en lumière l’existence de certaines caractéristiques : par exemple, on peut constater que les espèces solitaires ont plus tendance à présenter des épines, tandis que les espèces grégaires produisent généralement des soies.

L’article recense près de 576 espèces de lépidoptères venimeux. Il évoque par ailleurs des espèces à enjeux pour la santé humaine comme les Processionnaires du pin (Thaumetopoea spp.) en Europe, Ochrogaster spp. en Australie, ou les papillons cendre (Hylesia spp.) en Amérique du Sud.

En France, les espèces urticantes les plus connues et documentées sont les processionnaires du pin et du chêne. En revanche, elles ne sont pas les seules présentes : Bombyx Cul-brun (Euproctis chrysorrhoea) en est un exemple. Gare aux confusions, et dans le doute : ne vous approchez pas !

Merci à nos relecteurs Nicolas DESNEUX (Inrae) et Emmanuel GACHET (Anses).

Source : Andrea Battisti et al., «Look but do not touch: the occurrence of venomous species across Lepidoptera», Entomologia Generalis, 2024.