«Let’s talk about ambrosia» sont des courtes conférences en ligne organisées par l’International Ragweed Society. Elles visent à partager des connaissances sur la biologie des ambroisies, leurs impacts ou les moyens de s’en débarrasser.
Cette troisième session a été présentée par le Pr Yan Sun du département agricole de Huazhong, Wuhan (Chine). Elle a exposé une approche intégrée pour évaluer l’impact potentiel des agents de lutte biologique sur les espèces exotiques envahissantes. La thématique de l’intervention était en ce sens centrée sur la chrysomèle de l’ambroisie (Ophraella communa) en tant que candidat à la lutte biologique contre l’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia) en Europe.
Chrysomèle et ambroisie : un travail de modélisation
L’intervenante a d’abord montré comment son équipe a construit des modèles de distribution des ambroisies et des chrysomèles en évaluant leurs conditions de vie (climatiques, géographiques, etc.). À travers des expériences sur le terrain et en laboratoire, ils ont identifié la température et l’humidité comme des facteurs critiques influençant le cycle de vie du coléoptère et le succès d’éclosion de ses œufs. Une seconde étape a consisté à étendre le modèle afin de prédire la croissance démographique de l’insecte à travers l’Europe. La modélisation prévoit les densités de population les plus élevées dans le nord de l’Italie et dans certaines parties de l’ouest de la Russie et de la Géorgie. Enfin, ils ont quantifié l’impact sur la santé publique de A. artemisiifolia en Europe et les avantages potentiels de la mise en œuvre de O. communa en tant qu’agent de lutte biologique.
Chrysomèle et ambroisie : vers une solution durable ?
L’étude rapporte qu’avant l’établissement de la chrysomèle, les allergies provoquées par l’ambroisie affectaient environ 13,5 millions de personnes, entraînant des coûts annuels de 7,4 milliards d’euros. Les avantages projetés de la lutte biologique comprennent une réduction substantielle à la fois du nombre de patients et des coûts de santé.
Ces études plaident en faveur d’une approche multiple dans les programmes de lutte biologique, en tenant compte des facteurs écologiques, climatiques et socio-économiques. Elles montrent que mises ensemble, une intégration de modèles de distribution des espèces, une perspective biogéographique sur la sélection des candidats et une bonne compréhension des impacts sur la santé publique peuvent conduire à des stratégies de gestion plus efficaces et ciblées.
En France, l’INRAE mène des recherches sur l’utilisation de la chrysomèle en tant qu’agent de lutte biologique. Les chercheurs étudient notamment les incidences potentielles sur des plantes non hôtes (tournesol, etc.).
Retrouvez ici la présentation (en anglais) :
Source :
Yan Sun, 2023 – Beyond distribution modeling: integrating species attributes to predict spatially explixit impact. Conférence en ligne.