Le moustique tigre (Aedes albopictus), vecteur de maladies impactant fortement l’Homme est originaire d’Asie du Sud-Est et a été décrit pour la première fois en 1894 à Calcutta en Inde. Il est aujourd’hui présent sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. Sa capacité d’expansion est liée à son adaptation rapide à de nouveaux environnements. En France métropolitaine, son territoire augmente de manière significative depuis 2004 et couvre aujourd’hui 71 départements.

Transmission de maladies

Les moustiques du genre des Aedes, dont fait partie le moustique tigre, peuvent transmettre des arbovirus à l’Homme. Les maladies les plus fréquentes qu’il transmet sont le chikungunya, la dengue ou le zika, qui circulent surtout en zone intertropical. En France métropolitaine, si le moustique-tigre est bien présent, les virus responsables de ces maladies ne le sont pas : ce sont les voyageurs qui peuvent les ramener des régions où ils circulent. La capacité du moustique tigre à être « vecteur » de ces virus en fait une cible de surveillance prioritaire pour les autorités sanitaires durant sa période d’activité. Ils pourraient remplir leur rôle de vecteur et s’infecter en piquant une personne de retour de voyage et en transmettant ensuite ce virus à une personne saine qui n’aurait pas voyagé.

Info en + : En Guyane, Martinique et Guadeloupe, le vecteur de ces arboviroses est un moustique d’une espèce voisine, Aedes aegypti.

L’Organisation mondiale de la Santé indique que l’incidence mondiale de la dengue a augmenté de manière spectaculaire au cours des dernières décennies ; désormais, la moitié de la population mondiale est exposée au risque de contracter cette maladie. Environ 100 à 400 millions d’infections ont lieu chaque année, mais plus de 80 % d’entre elles sont généralement bénignes et asymptomatiques. Du fait des échanges importants entre les zones exposées et la France métropolitaine, il existe un risque d’importation de ce virus et de la maladie.

Les bons gestes au retour d’une zone où des cas ont été signalés

  • Je consulte un médecin en cas de symptômes. En cas de douleurs articulaires, douleurs musculaires, maux de tête, d’éruption cutanée avec ou sans fièvre, conjonctivite, je consulte un médecin : j’ai peut-être contracté le chikungunya, la dengue ou le zika.
  • J’évite de me faire piquer par un moustique. Si je suis contaminé, j’évite alors de me faire piquer. En effet, si un moustique de type Aedes sain me pique, je peux à mon tour l’infecter et il pourrait contaminer une autre personne de mon entourage en la piquant.

Pour en savoir plus consulter le dépliant d’information pour les voyageurs sur le site de Santé publique France (Ministère chargé de la Santé/Santé Publique France).

Les arbovirus comment ça marche ?

Une fois ingérés par les moustiques au cours d’un repas sanguin, ces virus pénètrent leur intestin moyen et infectent les cellules qui tapissent l’intérieur des organes, qui peuvent alors diffuser les virus dans les tissus internes. Après la période d’incubation, variable selon les virus et les conditions environnementales, les virus rejoignent les glandes salivaires et peuvent alors être transmis par la salive du moustique lors d’une prochaine piqure. Aedes albopictus est capable de transmettre au moins 22 d’arbovirus. Attention tous les moustiques ne transmettent pas toutes les maladies.

Focus sur les principales maladies transmises par le moustique tigre :

L’infection au virus chikungunya entraine, après un délai d’incubation de 2 à 10 jours, des atteintes articulaires, souvent très invalidantes, concernant principalement les petites ceintures articulaires (poignets, doigts, chevilles, pieds) mais aussi les genoux et plus rarement, les hanches ou les épaules. A cette atteinte articulaire s’associent fréquemment des maux de tête, accompagnés de fièvre, des douleurs musculaires importantes, une éruption cutanée au niveau du tronc et des membres, une inflammation d’un ou plusieurs ganglion(s) lymphatiques cervicaux ou encore une conjonctivite.

L’atteinte articulaire peut durer sur un mode subaigu ou chronique pendant plusieurs mois voire plusieurs années, et ceci d’autant plus fréquemment que l’âge du malade est avancé : selon une étude rétrospective sud-africaine, elle concernerait 10% des patients 3 à 5 ans après une infection aiguë au virus chikungunya.

La dengue « classique » se manifeste brutalement après 2 à 7 jours d’incubation par l’apparition d’une forte fièvre souvent accompagnée de maux de tête, de nausées, de vomissements, de douleurs articulaires et musculaires et d’une éruption cutanée ressemblant à celle de la rougeole. Au bout de 3 à 4 jours, une brève rémission est observée, puis les symptômes s’intensifient – des hémorragies conjonctivales, des saignements de nez ou des ecchymoses pouvant survenir – avant de régresser rapidement au bout d’une semaine.

La guérison s’accompagne d’une convalescence d’une quinzaine de jours. La dengue classique, bien que fort invalidante, n’est pas considérée comme une maladie sévère comme l’est la dengue hémorragique.

Chez certains patients (1% des cas de dengue dans le monde), pour des raisons mal élucidées, le tableau clinique de la maladie peut évoluer selon deux formes graves : la dengue hémorragique puis la dengue avec syndrome de choc qui est mortelle.

La majorité des personnes infectées par le virus Zika (70 à 80% des cas) ne développent aucun symptôme. Dans le reste de la population, les symptômes provoqués par le virus Zika sont de type grippal : fatigue, fièvre, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires dans les membres. A ces symptômes s’ajoutent différents types d’éruptions cutanées. Une conjonctivite, une douleur derrière les yeux, des troubles digestifs ou encore des œdèmes des mains ou des pieds peuvent apparaitre. Dans la plupart des cas, les troubles sont modérés et ne nécessitent pas d’hospitalisation.

Les bons gestes pour éviter la prolifération des moustiques

Le cycle de vie d’un moustique se déroule sous quatre formes distinctes : l’œuf, la larve, la nymphe et l’adulte. Les moustiques pondent directement sur l’eau ou des substrats humides. Chaque mise en eau de la zone de ponte génère l’apparition d’une multitude de larves dont la durée de développement aquatique est variable selon les conditions de température (de 7 jours à plus d’un mois). Au terme de 4 mues elles se transforment en nymphes (aquatiques elles aussi) avant d’émerger à l’état de moustiques adultes. Après l’émergence, les mâles et les femelles s’accouplent. Puis les femelles se dispersent en quête d’un repas sanguin nécessaire à la maturation des œufs. Seules les femelles piquent. Elles vivent en moyenne 2 mois et peuvent faire jusqu’à 5 pontes de 150 œufs.

Pour éliminer les larves :

  • Il est très important de supprimer autour de son domicile les eaux stagnantes, qui permettent au moustique de se reproduire :
    • changer l’eau des plantes et des fleurs une fois par semaine ou si possible : supprimer les soucoupes des pots de fleurs et remplacer l’eau des vases par du sable humide ;
    • vérifier le bon écoulement des eaux de pluie
    • couvrir les réservoirs d’eau avec un voile moustiquaire
    • couvrir les piscines hors d’usage et évacuer l’eau des bâches ou traiter l’eau

Pour éliminer les lieux de repos des adultes, pensez à :

  • Débroussailler et tailler les herbes hautes et les haies ;
  • élaguer les arbres ;
  • ramasser les fruits tombés et les débris végétaux ;
  • réduire les sources d’humidité (limiter l’arrosage).

Pour aller plus loin

  • Le guide technique : « Moustique-tigre – mettre en place un plan de lutte adapté à ma commune » a pour but d’aider les élu(e)s et les agents techniques des communes à mettre en place un plan de lutte adapté à leur territoire et est disponible sur ce lien.
  • Vous pensez avoir observé un moustique tigre dans votre commune qui n’est pas encore colonisée, vous pouvez contribuer à la surveillance de son implantation en le signalant sur le portail officiel des autorités sanitaires : signalement-moustique.anses.fr et agirmoustique.fr
    Ce site vous permet également de savoir si votre commune est d’ores et déjà colonisée par le moustique Aedes albopictus.
  • Conseils aux voyageurs par pays des destination – Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères

Un grand merci à notre relecteur Jean-Baptiste FERRE, EID Méditerranée

Rédaction : Alice SAMAMA, FREDON France