En 2023, l’Observatoire confirmait officiellement la présence de la chrysomèle de l’ambroisie (Ophraella communa) en France. Après un an, où en est l’insecte ?
La Chrysomèle de l’ambroisie est un coléoptère originaire d’Amérique du Nord, prédateur spécifique de l’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia). Introduit accidentellement en Italie en 2013, il n’avait jusqu’en 2023 jamais été détecté en France. En fin d’été de cette année-là, les premières populations de l’insecte ont été découvertes dans les alentours de Lyon.
En 2024, avec un cofinancement de l’ARS AuRA, l’INRAe a mené une étude des populations de la chrysomèle en Auvergne-Rhône Alpes.
Avec l’aide des acteurs locaux, notamment les référents ambroisie des collectivités et FREDON, 61 observations d’Ophraella communa, réparties entre le nord du Rhône et le Vaucluse, ont été validées (cf. Fig.1). Ces observations semblent révéler un « cœur de population » de la chrysomèle dans le Rhône et l’Isère (plaines situées au nord-est, à l’est et au sud de Lyon jusqu’à Beaurepaire) et un front de colonisation de l’insecte vers le sud (jusqu’aux alentours d’Avignon) et vers le Nord (jusqu’à Belleville en Beaujolais).
Grâce à la participation des volontaires répartis sur 21 communes de trois intercommunalités (Pays d’Ozon, Vienne-Condrieu et Entre Bièvre et Rhône) et aux travaux menés par l’INRAe, les scientifiques ont pu constater une croissance lente des populations (nombre d’individus par plante) et donc peu de dégâts foliaires en début de saison. La population semble avoir été maximale en septembre, alors qu’en Italie, les observations ont montré que le pic de l’impact était en août.
Ophraella communa : quelles différences avec l’Italie ?
Deux hypothèses sont avancées pour expliquer cette différence. En France, l’espèce est en phase de colonisation initiale : dans la plupart des sites, il n’y avait peu ou pas de spécimens sur la parcelle en début de saison. Sur ces secteurs, les populations auraient commencer à se multiplier tardivement avec des population initiales faibles. L’autre hypothèse concerne le climat : celui du secteur français où l’insecte s’installe est moins favorable à l’insecte. Le froid hivernal et de début de saison serait un frein à leur développement.
L’INRAE poursuit ses recherches, et a initié à l’automne 2024 une étude de leur survie hivernale pour estimer le taux de mortalité des insectes lors de la saison froide, dans les plaines concernées. Les observations de 2024 ont confirmé l’efficacité de l’insecte pour la défoliation de l’Ambroisie à feuille d’armoise avec des taux d’herbivorie atteignant très localement 100% (feuille + épis floraux).
2025 : quelles perspectives ?
En 2025, les travaux de l’INRAe seront reconduits afin de poursuivre l’étude de la dynamique des populations d’Ophraella communa en Auvergne-Rhône-Alpes et régions voisines.
Le programme de travail reste à préciser mais pourrait concerner :
• L’évolution de la répartition de l’espèce,
• L’évolution de la date d’apparition du pic de population de l’insecte sur la population existante,
• Les facteurs influençant la dispersion de l’espèce, notamment la compétition entre individus en fonction de la densité d’insectes et de la disponibilité en ambroisie.
• L’acquisition de toutes données scientifiques en lien avec le maintien de l’insecte, son efficacité dans la régulation de l’ambroisie et l’intérêt de réaliser des lâchers
Enfin, l’étude pourrait inclure des tests préliminaires de lâchers expérimentaux à petite échelle à partir d’individus prélevés dans la population existante.